LA FABRICATION DE L’AVATAR NOIR – Aux origines de la négrophobie

À force d’entendre les Kamits se plaindre de ne pas se connaître; d’avoir perdu contact avec leur civilisation, d’être devenus une entité désanthropologisée, zombifiée par leurs colonisateurs et assujettie à des systèmes éducationnels qui les abrutissent, caricaturés, rendus étrangers à eux-mêmes, déconnectés de leur spiritualité traditionnelle kémite, etc.
À force de chercher à comprendre le simulacre de relation que les Occidentaux imposent à leur ‘avatar noir’, deux questions préoccupantes n’ont pu être esquivées: « Mais finalement, AVEC QUI interagissent-ils? »  Et les Kamits, quelle relation entretiennent-ils avec ce groupe dominant transmué en incarnation divine, dans le cadre de la pseudo-relation qu’il impose à l’avatar qu’il a créé de toutes pièces pour se passer de connaissances, sans avoir à reconnaître son ignorance..
Néanmoins, l’exercice qui consiste à réduire tout un peuple, une immense civilisation, à un avatar d’une pauvreté affligeante, n’est pas simple, même en y déployant toutes les ruses de l’esprit, parce que le concepteur est pris au piège de sa propre finitude.
L’ouvrage s’appesantit également sur les phénomènes sociocognitifs que sont les représentations sociales, qui donnent naissance aux préjugés et stéréotypes raciaux et au racisme, armes fatales mises au point par les Occidentaux pour s’ériger en « race supérieure » dotée de tous les privilèges que leur confère la position dominante qu’ils croient occuper «  naturellement », et le plaisir paradoxal qu’ils en tirent…
L’on ne peut bien comprendre la haine, et les violences notamment policières qui sont déchaînées contre les Kamits en particulier, qui se donnent à voir dans les médias occidentaux, sans faire référence à leur passé récent, dont les racines plongent encore dans l’esclavage et la colonisation, qui continue à véhiculer contre eux des représentations stéréotypées et des diabolisations qui n’ont pas évolué. Les Kamits sont donc bien victimes de formes cumulées de rejet et d’hostilité ciblés (racisme, xénophobie, visibilité « raciale ») que ne connaissent pas les autres peuples ‘non blancs’…