Le titre du livre de Mangin, la Force noire, publié en 1910 et réédité ici pour la première fois, allait être appelé à un grand succès, cette belle expression ayant servi à caractériser dès la Première Guerre Mondiale l’ensemble des tirailleurs recrutés en Afrique sub-saharienne et à Madagascar et par là même à les rendre populaires. Si les considérations sur la démographie de la France contenues dans l’ouvrage ne présentent plus guère qu’un intérêt documentaire, l’exposé du projet de Mangin retrouve toute sa pertinence lorsqu’on le confronte à l’histoire du XXe siècle et à ce qu’ont vécu les certaines de milliers de tirailleurs africaines et malgaches recrutés pour servir la France par les armes. Mangin a également fait œuvre d’historien en proposant une longue histoire de la force noire, des origines jusqu’à l’aube du siècle dernier, un témoignage unique qui présente toujours autant d’intérêt pour le lecteur d’aujourd’hui.
<< Dans les premiers mois, quand l’organisation battra son plein, c’est au moins 120 000 noirs qui entreront en ligne ; il faut leur ajouter les 90 000 ou 100 000 Arabes dont la garde noire de l’Algérie permet l’emploi : nous disposons donc de l’ennemi. Tant que nous garderions un port et la maîtrise de la mer, il ne faudrait pas désespérer du succès. Dans m’état actuel de l’Europe, la Force Noire fait de nous le plus redoutable des adversaires.>>
Conservateur du musée des troupes de marine à Fréjus et responsable du Centre d’histoire et d’études des troupes d’outremer (CHETOM) de 1998 à 2009, Antoine Champeaux est lieutenant-colonel d’infanterie de marine, diplôme de l’Écoles nationale du patrimoine et docteur en histoire.
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